1.5.07

Jim Flora - Pochettes de disques / Covers & Artwork








Je ne me lasse jamais d'admirer les pochettes de disques de Jim Flora. C'est probablement dans son genre le meilleur illustrateur des sixties ; celui qui réunit à la perfection le sens de la couleur et de l'à-plat, le cocasse cubiste, la déconstruction des corps, et le mouvement sautillant des premiers cartoons. Ses illustrations ressemblent à des instantanés d'un dessin animé merveilleux. On est à deux coups de crayon des Aristochats dans leur sarabande de jazz, ce jazz qui devient chez Flora un jeu d'enfants ; ça trompette et ça cabriole, ça swingue au fond des petits toms (Gene Krupa), et ça donne ce chef d'oeuvre de la pochette lounge : Mambo for cats. Mais derrière ce style naïf et ludique, il y a aussi une face piquante et plus sombre, qui s'exprimait davantage dans ses travaux personnels, comme on peut le voir dans le dessin ci-dessus, couverture d'un ouvrage d'Irwin Chusid. De fait Jim Flora faisait volontiers du macabre sa tasse de cruauté.

Jim Flora se destinait à la fin de l'adolescence à une carrière d'architecte et il gagna en 1933 une bourse d'études la Boston Architectural League. Mais en pleine Dépression, il ne trouva rien d'autre pour subsister qu'un job de factotum dans un restaurant qui l'assommait de travail 7 jours sur 7 ... et incapable de trouver le temps de se consacrer à ses études, la bourse fut versée à un autre.
Mais le gars est du genre persévérant... écoutez-ça : un an après il avait économisé de quoi entrer à l'Académie des Arts de Cincinnati, où il obtint son diplôme en 1939, et débuta son activité d'illustrateur. C'est sa passion pour le jazz qui l'incita à adresser à Pat Dolan (alors directeur de la publicité chez Columbia) des ébauches de dessins pour leur réédition de disques de jazz. Dolan apprécia tellement ses travaux qu'il l'embaucha en 1942 pour prendre en charge l'édition des pochettes et Flora devient directeur artistique en 1943, embauchant lui-même de nouveaux talents de l'illustration, tels que Robert Jones, Jim amos et Sydney Butchkes. Lorsque la Columbia promut Flora directeur de la publicité, puis directeur des ventes, postes qui le rapprochèrent rapidement du profit mais l'éloignèrent aussi vite de la création, la situation ne lui convenait plus. Il quitta le label en 1950 et emmena sa famille dans un périple au Mexique, jusqu'à Taxco, où il s'installa pour se consacrer à la peinture.
Il était à l'époque un des premiers admirateurs d'artistes mexicains, tels que Diego Rivera (l'amant de Frida Kahlo), Orozoco, Siquerios et Taymayo. L'influence de ces artistes, combinée à celle du surréalisme et du dessin animé naissant, fut au coeur de ce qui devait devenir son style. De retour chez lui à Rowayton, dans le Connecticut, il travailla en tant que freelance, auprès de Leo Leonni, pour illustrer les pages du magazine Fortune. Il donna durant cette période, entre 1954 et 1956, notamment pour RCA Victor, plusieurs de ses plus belles pochettes de disques ; avant que le style Flora ne passe de mode pour l'illustration musicale et qu'il ne recycle son art espiègle pour des livres d'illustration destinés aux enfants.


James (Jim) Flora is best-known for his wild jazz and classical album covers for Columbia Records (late 1940s) and RCA Victor (1950s). He authored and illustrated 17 popular children's books and flourished for decades as a magazine illustrator. Few realize, however, that Flora was also a prolific fine artist with a devilish sense of humor and a flair for juxtaposing playfulness, absurdity and violence. Cute — and deadly.

Flora's album covers pulsed with angular hepcats bearing funnel-tapered noses and shark-fin chins who fingered cockeyed pianos and honked lollipop-hued horns. Yet this childlike exuberance was subverted by a tinge of the diabolic. Flora wreaked havoc with the laws of physics, conjuring flying musicians, levitating instruments, and wobbly dimensional perspectives.

Taking liberties with human anatomy, he drew bonded bodies and misshapen heads, while inking ghoulish skin tints and grafting mutant appendages. He was not averse to pigmenting jazz legends Benny Goodman and Gene Krupa like bedspread patterns. On some Flora figures, three legs and five arms were standard equipment, with spare eyeballs optional. His rarely seen fine artworks reflect the same comic yet disturbing qualities. "He was a monster," said artist and Floraphile JD King. So were many of his creations.